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PRÉFACE


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Quelques pages de critique datées en 1842 où la « sensibilité douce » de Jane Austen est mentionnée parmi les qualités dont les femmes au xviiie siècle parent le roman féminin en Angleterre ; d’autres pages écrites en 1878 où la figure de Jane Austen est esquissée, cependant que les grandes lignes de son œuvre sont rapidement et justement étudiées ; une série de traductions publiées de 1815 à 1824 et depuis longtemps oubliées ; quelques traductions nouvelles, voilà ce qu’on connaît chez nous d’une romancière que l’Angleterre compte parmi ses plus parfaits artistes de lettres et que l’originalité aussi bien que le mérite de son œuvre font qualifier d’incomparable. Presque ignorée en France, l’œuvre de Jane Austen est en Angleterre l’objet d’un véritable culte. Cependant, à côté des biographies où la vie de Jane Austen est reconstituée aussi exactement que le permet la destruction d’une partie sans doute considérable et certainement très importante de sa correspondance, il nous a semblé qu’une nouvelle biographie, sans s’appuyer sur des documents inédits et sans apporter aucune révélation nouvelle, trouverait son excuse et sa raison d’être dans la manière dont elle présenterait des faits et utiliserait des documents déjà connus. Cette nouvelle biographie ne saurait tenter d’être une étude de psychologie littéraire — les lettres et les romans de Jane Austen ne contiennent point d’énigme et les yeux clairs qui nous sourient du fond de deux précieux portraits ne cachent point de secrets, — son but est seulement de faire revivre l’image charmante d’une femme qui, à ses moments de loisir, fut une grande et parfaite artiste. Dans le récit de sa vie, nous avons essayé de mêler, comme ils s’y mêlèrent en réalité, les joies familiales,