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elle savait la date du jour des noces de Lady L. et de Lady G., comme s’il se fut agi de ses propres amies ». [1] Les romans de Miss Burney, comme ceux de Richardson, étaient l’objet de son admiration et le nom de « Miss Jane Austen au presbytère de Steventon », fut imprimé en 1796 dans la liste des souscripteurs de « Camilla », le troisième roman de l’auteur d’ « Evelina ». Nous savons encore que Jane Austen appréciait fort la prose de Johnson. Peut-être faut-il voir en cela, non pas le résultat d’une inclination naturelle, mais la preuve de l’influence exercée par la réputation du grand arbitre des lettres anglaises. Le révérend George Austen, qui goûtait les vers de Cowper au point de les lire souvent à haute voix à sa femme et à ses enfants, éveilla cette fois chez sa fille cadette un intérêt et une admiration que la lecture du « Spectateur » n’avaient pas réussi à faire naître en elle. Dans « Bon Sens et Sentimentalité » qu’elle écrivit à vingt-deux ans, (1797) mais dont la plus grande partie avait été composée plusieurs années auparavant sous une forme différente, Jane Austen se révèle toute imbue des enseignements de Cowper au sujet de la beauté pittoresque des scènes rustiques. L’héroïne du roman, Marianne, parle de Cowper en des termes auxquels nous pouvons mesurer l’influence du poète sur la sensibilité et l’imagination des lecteurs contemporains. Cowper la transporte, « drives her wild ». Elle s’indigne qu’un jeune homme soit capable de le lire avec un calme imperturbable et désespère de trouver aucune intelligence chez un être que « la lecture de Cowper n’émeut pas ». [2] Jane Austen elle-même écrit à sa sœur en 1798 : « Mon père nous lit Cowper le matin, j’écoute quand j’ai le temps », [3] et sa phrase laisse percer le regret d’être souvent privée par d’autres occupations du plaisir d’écouter. Plus tard

  1. Memoir of Jane Austen. Page 84.
  2. Bon Sens et Sentimentalité, Chap. III.
  3. Lettres. Vol. I, 18 décembre 1798.