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Rivaux » de Sheridan et une tragédie du docteur Francklin « Matilda ». Henry et Edward Austen récitèrent à cette occasion les prologues composés par leur frère. En 1787, la pièce choisie pour les deux représentations données quelques jours après les fêtes de Noël fut la comédie de Mrs Centlivre : « Merveille ! une femme garde un secret » ; l’épilogue, toujours composé par James Austen, fut récité « par une Dame » qui tenait un des premiers rôles. Après 1790, le théâtre sous la grange dut être abandonné, car on n’en retrouve plus aucune mention.

Les principaux rôles de femme avaient été tenus à plusieurs reprises par une nièce du pasteur qui faisait alors de longs séjours au presbytère. Cette jeune femme était à cette époque aux plus belles années d’une vie qui devait connaître de romanesques et tragiques aventures. Filleule de Warren Hastings qui, à la mort de son père, lui avait assuré une dot de dix mille livres sterling, Elizabeth Hancock était née à Calcutta et de bonne heure avait été amenée en Angleterre pour y être élevée. Mme Hancock, qui souhaitait pour sa fille un brillant mariage, l’emmena à dix-huit ans à Paris, au grand déplaisir du révérend George Austen qui redoutait de voir sa sœur et sa nièce « abandonner leur famille, leur patrie, et peut-être même leur religion ». Après deux ans de résidence à Paris, Elizabeth épousa en 1781 un jeune officier d’un régiment de dragons de la Reine, le comte de Feuillide. Jolie, spirituelle et riche, très éprise de son mari qui « l’adorait littéralement » — he literally adores me — la petite anglaise, dont une miniature nous a conservé la grâce ingénue et le charme délicat, avait, comme elle l’écrivait elle-même à sa cousine Philadelphie Walter, « toutes les raisons possibles de remercier la Providence ». [1] Aimant le monde et faite pour y briller, elle avait été présentée à la Cour au moment des réjouissances qui célébrèrent la naissance du Dauphin. Puis, elle avait connu dans les salons de Paris la joie de triomphes mondains, et était devenue une des

  1. Jane Austen, her life and her letters. Page 38.