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un autre, admirablement adapté au sujet du roman, dont l’agréable allitération rappelait celle de « Sense and Sensibility » (Bon Sens et Sentimentalité). Elle emprunta les mots de « Pride and Prejudice » à un passage d’un roman de Miss Burney. Aux dernières pages de son interminable « Cecilia », Miss Burney les fait répéter à un de ses personnages, et comme ils ont une grande importance et sont placés dans la bouche du sentencieux Docteur Lyster, ils sont imprimés en gros caractères, ce qui souligne comme il convient leur valeur. [1] Si les hasards de la publication révélèrent d’abord Jane Austen à ses contemporains, comme l’auteur de « Bon Sens et Sentimentalité », il faut néanmoins étudier en premier lieu « Orgueil et Parti pris ». L’ordre de la composition, le seul qui ait maintenant une signification, est ainsi respecté, et le livre où la jeunesse de l’auteur s’exprime de la façon la plus brillante et la plus séduisante, peut être d’autant mieux apprécié qu’on l’étudie à la place qu’il occupe dans la vie de Jane Austen.

Entre un père égoïste et indolent, une mère bavarde et sotte, de jeunes sœurs écervelées ou pédantes, Elizabeth Bennet ne trouve de sympathie et d’affection que chez son aînée, Jane, la « beauté» de la famille. Les deux sœurs cependant ne se ressemblent guère : Elizabeth est spirituelle et vive, jolie seulement de sa fraîcheur et de l’esprit qui brille dans ses yeux vifs ; Jane est timide et sa grâce penchée s’accorde avec une douceur et une bonté un peu fades. Aux premières pages du roman toute la famille est en émoi. Un château du voisinage, Netherfield, vient d’être acheté par un jeune homme, Mr. Bingley, qu’on dit fort riche et qu’on sait célibataire. Sa venue dans le pays est pour les Misses Bennet le présage de nombreux bals car, pensent-elles, le nouveau venu, bien accueilli par tous, ne pourra manquer de

  1. Cecilia. Livre X. Chap. X. « The whole of this unfortunate business, said Doctor Lyster, has been the result of PRIDE and PREJUDICE ».