Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/183

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pas, et n’a jamais eu, l’intention d’épouser la jeune sotte. Jane et Elizabeth sentent vivement toute la honte d’une pareille aventure. À cette honte s’ajoutent pour Elizaheth de cuisants remords : la lettre de Darcy l’avait pleinement édifiée sur le compte de Wickham, mais elle n’a pas averti Mr. Bennet ; Wickham a continué à rencontrer Lydia dans le monde et le malheur qu’un mot aurait pu empêcher s’est accompli par la force même des circonstances. Cependant, de meilleures nouvelles arrivent à Longbourne. Revenu sans doute à de meilleurs sentiments, Wickham a consenti à épouser Lydia. Elizabeth se réjouit et s’étonne devant l’heureux dénouement d’une si fâcheuse affaire. Elle s’étonne moins lorsqu’elle apprend que la générosité et les efforts de Darcy y ont largement contribué. Dès lors, Elizabeth reconnaît combien grande était son erreur lorsqu’elle jugeait Darcy incapable d’autres sentiments que l’orgueil et l’égoïsme. Bingley, que son ami n’essaie plus d’éloigner de Jane, revient à Longbourne et n’est pas longtemps sans obtenir le pardon de celle qu’il avait un moment dédaignée. Darcy veut aussi revoir Elizabeth. Dans des termes bien différents de ceux qu’il avait d’abord employés, il dit à Elizabeth qu’il l’aime et désire ardemment être aimé d’elle. Cette fois, la jeune fille peut lui répondre en toute sincérité qu’elle sera heureuse et fière de devenir sa femme.

Une fleur d’herbier desséchée et jaunie, voilà ce que devient cette fleur éclatante et fraîche, le premier roman de Jane Austen, dès qu’on essaye de résumer l’intrigue qui s’y déroule en des pages écrites avec une verve incomparable. Ayant trouvé la forme qui lui permet de présenter ses personnages sans qu’elle ait besoin de commenter leurs actions ou d’expliquer leur caractère, Jane Austen écrit à vingt et un ans, et pour son plaisir, un petit chef-d’œuvre. On y sent la vivacité de la jeunesse, sa naïve confiance et son élan vers la vie; quelque chose aussi de l’inconsciente dureté et de l’involontaire sécheresse de cet âge sans pitié, à côté de qualités solides qui appartiennent d’ordinaire à