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formes de la politesse. Sa bonne nature, que faisait valoir son joli visage, appelait la sympathie. Sa sottise, bien qu’évidente, n’éloignait pas car elle ne s’alliait à aucune prétention. Ellinor lui aurait tout pardonné, excepté ses grands éclats de rire ». [1] Comme les portraits, les scènes d’intérieur qui ont souvent la précision de lignes et le frais coloris des gravures de Morland ou de Singleton, offrent ce même caractère d’observation psychologique et d’évaluation des valeurs morales. Un jugement sur les êtres et les choses est irrésistiblement suggéré à l’esprit du lecteur par une description comme celle-ci : « Dans la soirée, on découvrit que Marianne était musicienne et on la pria de jouer. On ouvrit le piano et tout le monde se prépara à être charmé. Marianne qui avait une très jolie voix, chanta, à la demande générale, la plupart des romances que Lady Middleton avait apportées dans la maison en se mariant et qui probablement étaient depuis lors restées étalées sur le piano. Car la jeune femme avait commémoré cet événement en abandonnant la musique, bien que, d’après sa mère, elle eût joué dans la perfection et que, de son propre aveu, elle eût beaucoup aimé cet art. On applaudit beaucoup Marianne. Sir John proclama bien haut son admiration à la fin de chaque romance et continua non moins haut sa conversation avec le reste de la compagnie pendant l’exécution des divers morceaux. Lady Middleton le rappela souvent à l’ordre et s’étonna qu’on put détourner son attention de la musique un seul instant. Puis elle demanda à Marianne de chanter une certaine romance que celle-ci venait justement d’achever ». [2]

La sottise, l’ennui, le vide d’existences oisives et égoïstes inspirent dans « Bon Sens et Sentimentalité » maintes réflexions humoristiques, car la société y est étudiée plutôt au point de vue du monde et des réunions mon-

  1. Bon Sens et Sentimentalité. Chap. I.
  2. Bon Sens et Sentimentalité. Chap. VII.