Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Street. Chemin faisant, la jeune fille, plus indulgente à l’amour des chiffons qu’au moment où elle avait raillé l’innocente faiblesse de Mme Allen, ne manquait pas de jeter un coup d’œil aux vitrines des modistes et de s’assurer que son chapeau de paille était « tout à fait aussi chic » — quite as smart — que s’il avait été acheté chez la meilleure faiseuse. Parfois, la promenade était interrompue par une de ces visites sans cérémonie qu’on faisait alors le matin. « Nous n’avons pas rencontré de visiteurs quand nous sommes allés chez Mme Lillingstone, écrit Jane à sa sœur, et pourtant nous avons fait moins sotte figure que je ne l’aurais cru. J’attribue ce résultat à ce que je portais mon chapeau neuf et me sentais en beauté ce jour-là ».[1] Dans l’après-midi, c’était de nouvelles promenades avec des amis, ou des courses à la recherche d’un logis commode et agréable ; le soir tantôt un bal dans les salles d’assemblées, tantôt une réunion dans quelque salon où l’on jouait au whist en écoutant un peu de musique.

La saison mondaine touchait à sa fin lorsque les Austen arrivèrent à Bath en 1801. Le premier bal auquel Jane assista huit jours après son départ de Steventon ne ressembla guère au bal décrit dans « L’abbaye de Northanger », alors que, « la saison étant à son plein, les salles regorgeaient d’une foule pressée, à travers laquelle Catherine et Mme Allen devaient se faufiler de leur mieux ». Cette fois, les grandes salles semblent presque vides, mais Jane n’est cependant pas mécontente de sa soirée : « J’espère bien que vous avez hier honoré d’une pensée et ma toilette et mon bal. Je m’étais habillée avec grand soin et ma parure a d’abord été fort admirée à la maison. À neuf heures, mon oncle, ma tante et moi avons fait notre entrée dans la salle. Nous nous sommes un peu ennuyés avant l’heure du thé, mais je dois reconnaître que cette heure ne s’est pas fait attendre trop longtemps, car on n’a dansé qu’une seule fois et il n’y avait pas plus de huit danseurs. Figurez-vous ces quatre couples entourés d’une centaine

  1. Lettres. 12 mai 1801.