Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avaient été « Orgueil et Parti pris », « Bon Sens et Sentimentalité », et « L’abbaye de Northanger ».[1]

On trouve dans « Les Watson », comme dans les autres romans, la peinture d’un milieu de province et l’étude de « trois ou quatre familles dans un petit village ». Le personnage principal est Emma Watson, fille d’un clergyman réduit par la maladie à une vie inactive. Emma, qui a dix-huit ans lorsque Jane Austen nous la présente, a été élevée par une tante. Elle revient à la maison paternelle au moment où, sa tante venant de se remarier, elle a perdu à la fois et le foyer où elle a grandi et l’espérance d’hériter quelque jour de biens considérables. Le retour d’Emma, si pénible pour elle, est une surprise désagréable pour Mr. Watson et pour ses trois autres filles qui connaissent à peine leur plus jeune sœur. L’aînée des Misses Watson, une fille d’une trentaine d’années, un peu vulgaire, mais bonne et sensée, plaint Emma d’avoir quitté un milieu aisé et d’être condamnée à vivre désormais dans la demi-pauvreté d’une famille de pasteur sans fortune. Les deux autres sœurs d’Emma, qui ont passé leur première jeunesse dans l’attente vaine d’un mari, voient avec jalousie l’arrivée de celle qui, plus jolie et plus jeune qu’elles, pourrait devenir à l’occasion une rivale dangereuse. Au premier bal où elle paraît, Emma est, en effet, remarquée par les plus grands personnages de la société du pays : par Lord Osborne, par son chapelain le révérend Howard, et par Mr. Tom Musgrave, jeune « squire » des environs dont l’agréable tournure et le beau domaine font l’admiration et l’envie de toutes les jeunes filles. Emma ne se doute pas de l’attention excitée par sa présence. Le seul de ses danseurs auquel elle s’intéresse est un petit garçon de dix ans, le neveu du révérend Howard. L’enfant est venu au bal pour danser avec Miss Osborne. Mais Miss Osborne trouve plus agréable d’accepter l’invitation d’un officier et de dire au petit garçon qu’elle tiendra sa promesse une autre fois. Emma entend Miss Osborne congé-

  1. Memoir of Jane Austen, second edition, 1871. Page 295.