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qu’un jeune homme de bonne famille choisit lorsqu’il n’est attiré vers aucun autre et que la situation ou les relations des siens lui assurent, avec un ou plusieurs bénéfices, le moyen de vivre comme il sied à son rang. Les louanges qu’elle donne au mérite et au dévouement des marins ont une note bien personnelle ; an contraire, son attitude à l’égard du clergé est non plus individuelle mais celle de toute une classe et de toute une époque. Fille et sœur de pasteurs, elle exprime cette opinion, d’ailleurs celle des siens et de son monde, que la fonction de pasteur n’a rien en soi qui l’élève au-dessus du niveau des professions que peut exercer un « gentleman ». C’est l’homme qui fait la dignité du métier de clergyman, comme il en fait l’intérêt et le mérite. « Ce n’est pas par de beaux sermons qu’il se rend utile dans sa paroisse et dans le voisinage, lorsque paroisse et voisinage sont assez rapprochés pour qu’on puisse connaître la vie privée du pasteur et observer toute sa conduite », dit-elle dans « Le Château de Mansfield ». Un clergyman peut réduire ses obligations, s’il lui plaît, à un office par semaine et à la lecture hâtive des prières rituelles. Il peut être pasteur d’une paroisse un jour par semaine et résider dans une autre les six autres jours. Mais quand il a à cœur de remplir consciencieusement les devoirs de sa profession, « il comprend que la nature humaine a besoin de meilleurs enseignements que n’en peut contenir un sermon hebdomadaire et que, s’il n’habite pas au milieu de ses paroissiens et ne se montre pas en toute occasion leur ami et leur protecteur, il ne fait presque rien pour leur bien ni pour le sien ». [1] À plusieurs reprises nous retrouvons cette opinion exprimée si nettement dans « Le Château de Mansfield » qu’un clergyman doit vivre au milieu de ses paroissiens. Il ne semble pas que d’autres devoirs en dehors de celui-ci lui soient imposés. Une seule fois, dans « Emma », nous voyons un pasteur de village se rendre chez des pauvres. Et

  1. Le Château de Mansfield. Chap. XXV.