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s’intéressant à tout dans le pays qui sera désormais pour lui le centre du monde, un Bingley fera dans la société figure de dilettante.

Dans « Le Château de Mansfield » apparaissent deux autres types ressemblant sur quelques points à Bingley mais dont le rôle et l’importance sociale sont bien différents : c’est d’abord Thomas Bertram, fils aîné du baronnet et futur possesseur du titre et du domaine des Bertram. Son rang d’héritier présomptif libère le jeune homme de toute nécessité de se faire une position dans le monde. Edmond, son frère cadet entrera dans l’Église, mais Thomas, en vertu de son droit d’aînesse, est né « pour dépenser sans compter et pour s’amuser ». Puis, avec autant d’inclination pour une vie de plaisirs que Thomas Bertram mais avec plus de raffinement dans le choix de ses distractions, nous voyons Henry Crawford, maître d’une belle fortune, préférer à la vie monotone d’un gentilhomme campagnard l’existence plus libre et plus variée d’un jeune célibataire ; il partage son temps entre les salons de Londres, les salles d’assemblée de Bath, et pendant la saison des chasses, les comtés où il est sur de rencontrer une société agréable et point trop provinciale.

Ce n’est pas un de nos moindres étonnements, à la lecture des romans de Jane Austen, que de voir ce que sont les réunions mondaines et d’admirer — habitués que nous sommes à une autre conception de la vie même chez les inutiles — que ces jeunes gens puissent se contenter d’amusements pareils, bien plus, y prendre un plaisir si évident. Dans la société d’un petit bourg comme Highbury, ou Mansfield, il semble que chaque jour doive fournir aux familles de la « gentry » prétexte à se rencontrer. On se voit le matin à la promenade, si l’on n’a pas l’intention de faire une excursion ensemble. On se rend en été chez un ami pour cueillir des fraises dans son jardin ou, en toute autre saison, pour le plaisir de retrouver chez lui les personnes qu’on a réunies chez soi la veille. Promenades, excursions,