Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/407

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été la confidente de l’amour d’Edmond pour une autre, accepte enfin joyeusement et sans arrière-pensée la tendresse que son cousin n’avait pas su tout d’abord lui donner. « C’est à dessein que je m’abstiens d’indiquer la date de ces événements, afin que chacun puisse choisir celle qui lui plaira. Car je n’ignore pas que la guérison d’une passion inguérissable, ou le changement de son objet, quand il s’agit d’un attachement inébranlable, est nécessairement l’œuvre d’un temps plus ou moins long, suivant les gens. Je demande en grâce à tous de croire que les choses se passèrent au moment où elles étaient devenues très naturelles, et pas une heure plus tôt ». [1]


La galerie de figures féminines tracées par Jane Austen, qui contient tant de visages spirituels, naïfs ou rêveurs, ne nous offre, en ce qui concerne les mères, les tantes, les femmes âgées, que des images déplaisantes, ridicules et même odieuses. Épouses sottes ou tyranniques, mères indifférentes ou aimant leurs enfants sans discernement, toutes, Mme Bennet, Mme Ferrars, Lady Bertram, Mme Norris, Mme Jennings et Mme Dashwood sont invariablement présentées sous un jour peu flatteur et leurs défauts, leurs travers, sont soulignés sans indulgence. La sottise ou la méchanceté, excusables ou moins offensantes chez un être sans expérience et que la jeunesse pare, malgré tout, de quelque chose d’aimable, se révèlent chez des femmes au déclin de la vie dans toute leur triste et laide vérité. Sont-elles bonnes, comme Mme Bennet ou Mme Jennings, leur bonté qu’aucun tact, aucun bon sens ne guident, leur sert seulement à se dépenser en attentions inutiles et souvent nuisibles. Mme Bennet, par exemple, nourrit le louable dessein de marier avantageusement ses enfants, mais cette intention lui est un prétexte à infliger à tout propos de cruelles humiliations

  1. Le Château de Mansfield. Chap. XLVIII.