Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

merveille d’autrefois encore embellie de nos jours, la haute et majestueuse ligne des falaises qui s’étendent à l’est, sont les choses que découvre tout de suite l’œil d’un étranger. Il serait bien difficile de ne pas voir ensuite, tout autour de Lyme, des points de vue charmants et bien faits pour inspirer le désir de connaître les environs. C’est d’abord Charmouth, avec ses plateaux d’où l’on découvre une si vaste étendue, sa baie délicieuse et secrète, encadrée de hautes falaises sombres, où des blocs de rochers parmi le sable permettent de guetter l’approche de la marée et de jouir à l’aise de ce spectacle. Puis, c’est le riant village de Up Lyme, entouré de bois aux feuillages divers, et, mieux encore, Pinny, avec ses abîmes de verdure entre de pittoresques rochers, Pinny, où quelques bouquets d’arbres d’essence forestière et quelques beaux vergers témoignent que plusieurs générations ont disparu depuis le moment où le premier éboulement de la falaise a préparé le terrain où croissent ces arbres et ces vergers. On a de là une vue qui égale et dépasse peut-être celle des sites les plus renommés de l’île de Wight. Il faut voir ce paysage, l’admirer une fois et y revenir, pour bien comprendre la beauté de Lyme ». [1] Un tel passage suffit à prouver que Jane Austen, quand elle le juge à propos, sait peindre simplement et savamment un décor. Pourquoi donc, pourrait-on se demander, néglige-t-elle presque invariablement de le faire et, lorsqu’elle conduit Anne Elliot à travers les places et les rues de Bath, ne lui permet-elle jamais de donner un regard à la ville pittoresque du beau Nash, à son site harmonieux et varié, d’une beauté molle et douce ? Pourquoi encore Jane Austen, si sensible, nous le savons, au charme de la nature, qui jouit si vivement des fêtes délicates de couleurs et de lignes que présentent les paysages du sud de l’Angleterre, qui sait aimer d’un amour presque fraternel les beaux arbres, les « ormes chéris » du jardin de Steventon, écarte-t-elle presque entièrement

  1. Persuasion. Chap. XL