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XXXVIII
RONDEAUX

let se dégage déjà et se présente le plus fréquemment, comme dans cette pièce de Guillaume d’Amiens où les vers, tous de même longueur, sont octosyllabiques[1] :

Hareu ! commant m’i maintendrai
Qu’Amors ne m’i laissent durer ?
 
Apansez sui que j’en ferai ;
Hareu ! commant m’i maintendrai ?
 
A ma dame consoil prendrai
Que bien me le savra doner.
Hareu ! commant m’i maintendrai,
Qu’Amors ne m’i laissent durer ?

Avec le xive siècle, un changement radical s’opère dans le rondeau : de musical qu’il était auparavant, il devient littéraire, et entre dans la poésie courtoise[2]. Il continue cependant à être chanté dans les œuvres dramatiques comme les Miracles de Nostre Dame[3], où nous pouvons constater dès le milieu du xive siècle toute la variété des pièces que nous retrouverons plus tard dans Christine de Pisan.

C’est aussi à cette époque qu’apparaît le premier traité de l’art de faire des vers, l’Art de dictier d’Eustache Deschamps[4]. Cet Art de dictier se contente pour toute théo-

  1. Recueil de Motets, t. II, p. 104.
  2. H. Pfuhl, op. cit., p. 13.
  3. Voy. le travail de M. L. Müller, Das Rondel in den franzœsischen Mirakspielen und Mysterien des xv. und xvi. Jahrhunderts(Marburg, 1884), qui forme le no xxiv des Ausgaben und Abhandlungen de M. Ed. Stengel.
  4. Publié incomplètement par Crapelet dans Poésies morales et historiques d’Eustache Deschamps (Paris, 1832), p. 277 et suiv. Au manuscrit médiocre qui a servi à cette édition (B. N. fr. 840), il faut en joindre un autre aujourd’hui réintégré à la Bibliothèque