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de Robinson Crusoé.

à la voile, faisan cours au nord le long de la côte, dans le dessein de tourner vers celle d’Afrique, quand on seroit parvenu au dix ou douzième degré de latitude septentrionale : ce qui étoit, comme il paroît, la route ordinaire qu’on tenoit en ce tems là. Nous eûmes un fort bon tems tout le long de la côte, à la réserve qu’il faisoit excessivement chaud. Quand nous fûmes avancés à la hauteur du cap Saint-Augustin, nous nous éloignâmes en mer, & perdant bientôt la terre de vue, nous mîmes le cap de même que si nous eussions voulu aller à l’isle de Fernand de Noronha ; mais nous la laissâmes & les autres adjacentes à l’est, continuant notre route vers le nord-est quart au nord, tellement que nous passâmes la ligne, après une navigation d’environ douze jours : & suivant notre dernière estime, nous étions sous le septième degré & douze minutes de latitude septentrionale lorsqu’il s’éleva un violent ouragan qui nous désorienta entièrement : il commença au sud-est, devint à-peu-près nord-ouest, puis se fixa au nord-est, d’où il se déchaîna d’une manière si terrible, que nous ne fîmes autre chose pendant douze jours de suite que dériver forcés d’obéir aux ordres du destin & à la fureur des vents. Je n’ai pas besoin de dire que durant tout ce tems-là je m’attendois chaque jour à être enseveli dans les flots : & il n’y avoit