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de Robinson Crusoé.

qu’en prenant le large, pour éviter le golfe du Mexique, nous pourrions aisément arriver dans quinze jours de tems ; au lieu qu’il n’étoit presque pas possible de faire mon voyage à la côte d’Afrique sans quelque assistance, tant pour le vaisseau que pour nous mêmes.

Dans ce dessein nous changeâmes notre course, & nous prîmes le cap nord quart à l’ouest, afin de pouvoir atteindre quelqu’une des isles habitées par les Anglois, où j’avois espérance de recevoir du secours. Mais notre voyage étoit déterminé autrement ; car étant dans la latitude du douzième degré & dix-huit minutes, nous fûmes assaillis d’une seconde tempête, qui nous emporta avec la même impétuosité que la première vers l’ouest, & nous écarta si loin de tous les lieux où regne le commerce de la société humaine, que, si nous venions à sauver nos vies de la rage des eaux, il y avoit beaucoup plus d’apparence que nous serions dévorés par les Savuages, plutôt que de pouvoir jamais retourner en notre pays.

Dans cette extrémité, le vent souffla toujours avec violence, & le jour commençant à paroître, un de nos gens s’écria, terre. À peine fûmes-nous sortis de la cabane pour voir ce que c’étoit, & dans quelle région du monde nous nous trouvions, que le vaisseau donna contre un banc de