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Les aventures

tems étoit clair, la tempête dissipée, & la mer n’étoit plus courroucée ni enflée comme auparavant. Ce qui me surprit extrêmement, ce fut de voir que par la hauteur de la marée le vaisseau eût été enlevé pendant la nuit de dessus le banc de sable, où il avoit été engravé ; & qu’il eût dérivé jusques tout près du rocher dont j’ai parlé ci-dessus, ou je m’étois si cruellement meurtri en heurtant contre. Il y avoit environ un mille de l’endroit où j’étois jusques-là ; & comme le bâtiment paroissoit encore reposer sur sa quille, j’aurois bien souhaité d’être à bord, afin d’en tirer du moins pour mon usage quelques unes des choses les plus nécessaires.

Dès que je fus descendu de l’appartement que je m’étois choisi dans l’arbre, je regardai encore autour de moi, & la première chose que je découvris fut la chaloupe, que le vent & la marée avoient jetée sur la côte à environ deux milles de moi à main droite. Je marchai le long du rivage, aussi loin que je pus pour aller jusques-là ? mais je trouvai un bras de mer d’environ un demi-mille de largeur entre moi & la chaloupe, tellement que je m’en retournai sur mes pas, laissant la chose cette fois-là, parce que mes desirs étoient bien plus tournés du côté du vaisseau, où j’espérois trouver actuellement de quoi fournir à ma subsistance.