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de Robinson Crusoé.

quoique je trouva dans la suite qu’il n’y avoit rien de tel à craindre.

Néanmoins je me barricadai le mieux que je pus avec les coffres & les planches que j’avois amenés à terre, & je me fis une espèce de hutte pour me loger cette nuit-là. Pour ce qui est de la nourriture que l’Isle fournissoit, je ne concevois pas encore d’où elles pourroit venir, si ce n’est que j’avois vu deux ou trois animaux faits comme des liévres, courir hors du bois où je tirai l’oiseau.

Je me figurai alors que je pourrois encore tirer du vaisseau bien des choses qui me seroient utiles, particulièrement des cordages, des voiles, & autres choses qui se pouvoient transporter à terre ; je résolus donc de faire un autre voyage à bord si je pouvois ; & comme je n’ignorois pas que la première tourmente qui s’exciteroit, briseroit sûrement le bâtiment en mille pièces, je renonçai à toute autre entreprise, jusqu’à ce que j’eusse exécuté celle-ci. Alors je tins conseil, (j’entends à part moi), savoir si je retournerois avec le même train ; mais la chose ne me parut pas praticable ; je conclus donc d’aller comme la première fois, quand la marée seroit basse ; c’eest aussi ce que je fis, avec cette différence seulement que je me dépouillai avant de sortir de ma hutte, ne gardant sur moi qu’une chemise déchirée,