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Les aventures

des caleçons, & une paire d’escarpins aux pieds.

Je me rendis au bâtiment, comme j’avois fait la première fois, & j’y préparai un second train. Mais l’expérience du premier m’ayant rendu plus habile, je ne fis pas celui-ci si lourd, & je ne le surchargeai point. Je ne laissai pourtant pas d’emporter plusieurs choses qui me furent très-utiles ; premièrement, je trouvai dans le magasin du Charpentier deux ou trois sacs pleins de clous & de pointes, une grande tariere, une douzaine & plus de haches, une pierre à aiguiser, qui est un instrument d’un très-grand usage ; je mis à part tout cela, avec plusieurs choses qui dépendoient du canonnier, nommément deux ou trois leviers de fer, deux barils de balles, sept mousquets, un autre fusil de chasse, une petite addition de poudre, un gros sac de dragées, & un grand rouleau de plomb ; mais ce dernier étoit si pesant, que je n’eus pas la force de le soulever assez pour le faire passer par-dessus les bords du vaisseau.

Outre ces choses, j’enlevai tous les habits que je pus trouver, avec une voile de surcroît du perroquet de misaine, un branle, un matelas, & quelques couvertures. Je chargeai tout ce que je viens de détailler sur mon second train, & je le conduisis à terre avec un succès qui contribua extrêmement à me fortifier dans mes disgraces.