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Les aventures


Avant de dresser ma tente, je tirai au-devant de l’enfonçure un demi-cercle, qui prenoit environ dix verges dans son demi-diamètre depuis le rocher à la circonférence, & vingt de diamètre depuis un bout jusqu’à l’autre.

Dans ce demi-cercle je plantai deux rangs de fortes palissades que j’enfonçai dans la terre, jusqu’à ce qu’elles fussent fermes comme des piliers, le gros bout sortant de terre de plus de la hauteur de cinq pieds & demi, & pointu par le haut : il n’y avoit pas plus de six pouces de distance de l’un à l’autre rang.

Ensuite je pris les pièces de cables, que j’avois coupées à bord du vaisseau, & les rangeai les unes sur les autres dans l’entre-deux du double rang, jusqu’au haut des palissades, ajoutant d’autres pieux d’environ deux pieds & demi, appuyés contre les premiers, & leur servant d’accoudoirs en dedans du demi-cercle. Cet ouvrage étoit si fort qu’il n’y avoit ni homme ni bête qui pût le forcer ou passer par-dessus ; il me coûta beaucoup de tems & de travail, principalement pour couper les palissades dans les bois, les porter sur la place, & les enfoncer dans la terre.

Je fis, pour entrer dans la place, non pas une porte, mais une petite échelle, avec laquelle je passois par-dessus mes fortifications : & quand j’étois dedans, j’enlevois & je retirois l’échelle