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Les aventures

consommées ; tellement que j’aurois, selon toutes les apparences, de quoi subsister tout le tems de ma vie. Car j’avois prévu, dès le commencement, comment je pourrois remédier à tous les accidens qui m’arriveroient, non seulement en cas que mes munitions vinssent à manquer, mais encore quand ma santé seroit ruinée, ou mes forces épuisées.

J’avoue cependant qu’il ne m’étoit pas encore venu dans l’esprit que je pouvois perdre mes munitions tout d’un coup, j’entends que ma poudre pouvoit sauter en l’air par le feu du ciel, & c’est pour cela que cette idée seule me consternoit si fort, toutes les fois que l’éclair ou le tonnerre la rappeloient, comme je l’ai dit plus haut.

À présent donc que je dois exposer fur la scène la représentation d’une vie taciturne, d’une vie telle qu’on n’a peut-être jamais ouï parler de rien de semblable en ce monde, je remonterai jusqu’au commencement, & je la continuerai par ordre. C’étoit le trentième de Septembre que je mis pied à terre pour la première fois, & de la façon que j’ai racontée ci-dessus, dans cette Isle affreuse, dans le tems que le soleil, étant dans l’équinoxe d’automne, dardoit presque perpendiculairement ses rayons sur ma tête ; car je comptois, suivant