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Les aventures

principe & l’origine des mathématiques ; aussi n’y a-t-il point d’homme qui, à force de mesurer chaque chose en particulier & d’en juger selon les règles de la raison, ne puisse avec le tems se rendre maître dans un art méchanique. Je n’avois manié de mes jours aucun outil, & cependant par mon travail, par mon application, par mon industrie, je trouvai à la fin qu’il n’y avoit aucune des choses qui me manquoient, que je n’eusse pu faire, si j’avois eu les outils propres pour cela ; sans outils même je fis plusieurs ouvrages ; & avec le secours d’une hache & d’un rabot seulement, je vins à bout de quelques-uns, ce qui n’étoit peut-être jamais arrivé auparavant : mais c’est aussi ce qui me coûta un travail infini. Si, par exemple, je voulois avoir une planche, je n’avois d’autre moyen que celui de couper un arbre, le poser devant moi, le tailler des deux côtés jusqu’à le rendre suffisamment mince, & l’applanir ensuite avec mon rabot. Il est bien vrai que par cette méthode je ne pouvoir faire qu’une planche d’une arbre entier ; mais à cela, non plus qu’au tems & à la peine prodigieuse que je mettois à la faire, il n’y avoit aucun remède que la patience. D’ailleurs, mon tems ou mon travail étoit si peu précieux, qu’autant valoit-il que je l’employasse d’une manière que de l’autre.

Néanmoins je me fis une chaise & une table,