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de Robinson Crusoé.

comme je l’ai dit. C’est par-là que je commençai, & je me servis pour cela des morceaux de planches, que j’avois amenés sur mon radeau. Mais quand j’eus fait des planches, je fit de grandes tablettes de la largeur d’un pied & demi, que je plaçai l’une au-dessus de l’autre tout le long d’un côté de ma caverne, pour y mettre mes outils, mes cloux, ma ferraille, en un mot, pour arranger séparément toutes choses, & les pouvoir trouver aisément. J’enfonçai pareillement des chevilles dans la muraille du rocher, pour pendre mes fusils & autres meubles qui pouvoient être suspendus. Tellement que quiconque auroit vu ma caverne, l’auroit prise pour un magasin général de toutes les choses nécessaires : le bon ordre y regnoit, faisoit d’abord trouver sous ma main ce que je cherchois ; & cela, joint à la bonne quantité dont j’étois pourvu, me causoit beaucoup de satisfaction.

C’est pour lors que je commençai à tenir un journal de tout ce que je faisois ; car il est certain que dans les commencemens j’étois trop accablé, non pas du travail, mais des troubles de l’esprit, pour faire un journal supportable, & qui ne fût pas rempli de choses fades & insipides. Par exemple, voici comment j’aurois débuté : le 30 Septembre je vomis d’abord à cause de la quantité d’eau salée que j’avois avalée ; & ayant un peu