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Les aventures

espèce qu’ils pussent être ; mais la pluie qu’il fit toute la nuit ne m’empêcha pas de dormir d’un profond sommeil.

Le premier Octobre. Je fus surpris de voir le matin que la vaisseau avoit flotté avec la marée, & qu’il avoit été porté beaucoup plus près du rivage qu’il n’étoit auparavant. D’un côté, c’étoit un sujet de consolation pour moi de le voir dresser sur sa quille, & tout entier ; j’espérois que, si le vent venoit à s’abattre, je pourrois aller à bord, & trouver de quoi manger, & en tirer plusieurs choses pour fournir tant aux nécessités, qu’aux commodités de la vie ; d’un autre côté, ce spectacle renouveloit la douleur de la perte de mes camarades ; je m’imaginois que, si nous fussions demeurés à bord, nous aurions pu sauver le vaisseau, ou du moins une bonne partie de ceux qui le montoient & qui avoient été noyés, & que nous aurions peut-être construit un bateau des débris, pour nous transporter en quelqu’autre région. Une partie de cette journée se passa à me tourmenter par mille réflexions ; mais enfin voyant que le vaisseau étoit presque à sec, je marchai sur le sable aussi loin que je pus, & je me mis à la nage pour aller à bord. Il continua de pleuvoir pendant ce jour ; mais il ne faisoit point de vent.

Depuis le premier Octobre jusqu’au vingt-quatre.