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de Robinson Crusoé.


Le 4 au matin, je continuai une régle, que je me fis une loi d’observer désormais chaque jour : c’étoit d’avoir mon tems pour travailler, pour m’aller promener avec mon fusil, pour dormir, & pour mes petits divertissemens ; j’ordonnai la chose de la manière qui suit. Le matin j’allois dehors avec mon fusil pour deux ou trois heures, s’il ne pleuvoit pas ; ensuite je m’employois à travailler jusqu’à environ onze heures, & après cela je mangeois ce que la providence & mon industrie m’avoient préparé ; à midi, je me couchois pour dormir jusqu’à deux heures, parce qu’il faisoit extrêmement chaud à cette heure-là ; & enfin je retournois au travail sur le soir. Je mis le travail tout entier de cette journée & de la suivante à faire une table ; car je n’étois alors qu’un pauvre ouvrier, quoique dans la suite le tems & la nécessité me rendirent bientôt parfaitement expert dans la méchanique ; & c’est mon sentiment, que tout homme qui se seroit trouvé en ma place, ne seroit pas devenu moins habile sous ces deux grands maîtres.

Le 5 Novembre, j’allai dehors avec mon fusil & mon chien, & je tuai un chat sauvage : la peau en étoit douce, mais la chair ne valoit rien du tout à manger : j’écorchois tous les animaux que je tuois, & j’en conservois la peau. En m’en revenant le long de la côte je vis plusieurs oiseaux