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Les aventures

obligé de faire chaque chose, mais surtout d’apporter les palissades de la forêt, & de les enfoncer dans la terre : car je les avois faites beaucoup plus grosses qu’il n’étoit nécessaire.

Quand cette muraille fut finie, & que je l’eus revêtue d’une autre, que j’élevai en dehors avec du gazon, je me persuadai que quand même il viendroit quelques gens aborder à cette isle, ils ne s’appercevroient pas qu’il y eût là une habitation. Et je fus bien heureux de m’y être pris de la sorte, comme je le ferai voir dans la suite dans une occasion fort remarquable.

Cependant je faisois tous les jours ma tournée dans les bois pour tirer quelque gibier, à moins que la pluie ne m’en empêchat ; & dans ces promenades réitérées je faisois souvent des découvertes qui m’étoient avantageuses, tantôt d’une chose, tantôt d’une autre.

Je trouvai, par exemple, une espèce de pigeons fuyards, qui ne nichent point sur les arbres, comme font les ramiers, mais bien dans les trous de rochers, à la manière de ceux de colombier : je pris quelques-uns de leurs petits à dessein de les nourrir & de les apprivoiser ; j’en vins à bout ; mais étant devenus vieux, ils s’envolèrent tous & ne revinrent plus, & peut-être que ce qui donna lieu premièrement à cela, fût le défaut de nourriture, car je n’avois pas de quoi leur remplir le jabot.