Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
Les aventures

aussi à réfléchir sur le meilleur parti que j’avois à prendre, concluant que, l’Isle étant sujette à des tremblemens, il ne falloit aucunement faire ma demeure dans une caverne ; mais songer à me bâtir une cabane dans un lieu découvert & dégagé, où je me fortifierois d’une muraille telle que la premiere, pour me mettre en garde contre tous animaux, hommes ou bêtes, pleinement convaincu que, si je restois dans le même endroit, il ne manqueroit pas de me servir de sépulcre.

Ces raisonnemens me firent penser à ôter ma tente du lieu où je l’avois dressée, qui étoit au pied d’un rocher escarpé, lequel, s’il venoit à être secoué une seconde fois, tomberoit certainement sur moi. Les deux jours suivans, qui étoient les 19 & 20 Avril, je n’eus l’esprit occupé d’autre chose que de l’endroit que je choisirois pour y transférer ma demeure.

Cependant la crainte d’être enterré tout vif faisoit que je ne dormois jamais tranquillement ; celle que j’avois de coucher hors de ma forteresse, dans un lieu tout ouvert & sans défense, étoit presque aussi grande : mais quand je regardois tout autour de moi, que je considérois le bel ordre où j’avois mis toutes choses, combien j’étois agréablement caché, combien j’avois peu à craindre les irruptions, certes je sentois beaucoup de répugnance à déménager.