Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
de Robinson Crusoé.

haie que j’avois formée, étoit non-seulement entière, mais encore les pieux que j’avois faits avec des branches d’arbres que j’avois coupés là autour, avoient tous poussé & produit de longues branches, comme auroient pu faire des saules, qui repoussent généralement la première année, après qu’on les a élagués depuis la cime du tronc. Mais je ne vous saurois dire comment appeler ces arbres dont les branches m’avoient fourni des pieux. J’étois bien étonné de voir croître ces jeunes plantes ; je les taillai & les cultivai de façon qu’elles pussent toutes venir à un même niveau, s’il étoit possible. Vous ne sauriez croire combien elles prospérèrent, ni la belle figure qu’elles faisoient au bout de trois ans ; puisqu’encore que mon enceinte eût environ vingt-cinq verges de diamètre, néanmoins elles la couvrirent bientôt toute entière, & firent enfin un ombrage si épais qu’on auroit pu loger dessous durant toute la saison sèche.

Ceci me fit résoudre à couper encore d’autres pieux de la même espère, & à en faire un haie en forme de demi-cercle, pour enfermer ma muraille : j’entends celle de ma première demeure ; & c’est aussi ce que j’exécutai. Car ayant planté un double rang de ces pieux, qui devenoient des arbres, à la distance d’environ huit verges de ma vieille palissade, ils crûrent bien vîte, &