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Les aventures

fusil, de ma munition, de ma hache, & d’autres provisions.

Mon chien, dans cette caravane, surprit un jeune chevreau & le saisit : j’accourus d’abord, & fus assez diligent pour sauver ce petit animal de la gueule du chien, & de le prendre tout en vie. Je souhaitois passionnément de le transporter au logis s’il étoit possible, car j’avois souvent ruminé s’il n’y auroit pas moyen de prendre une couple de ces jeunes animaux, & de les nourrir pour former un troupeau de boucs privés, lequel, au défaut de ma poudre & de mon plomb, pourroit un jour subvenir à ma nourriture.

Je fis un collier pour cette petite bête, que je lui mis autour du col ; & avec une corde que j’y attachai, je le menai à ma suite : ce ne fut pas sans peine que je m’en fis suivre jusqu’à ma métairie ; mais quand j’y fus arrivé, je l’ renfermai, & le laissai-là ; car il me tardoit bien d’être de retour, & de me revoir chez moi après un mois d’absence.

On ne sauroit croire quelle satisfaction ce fut pour moi de revoir mon ancien foyer, & de reposer mes os dans mon lit suspendu. Le voyage que je venois de faire, sans tenir de route certaine pendant le jour, sans avoir de retraite assurée pour la nuit, m’avoit si fort lassé sur la fin, que