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Les aventures

renfermoit le corps des rochers, où fautes d’instrumens, je ne pouvois ni creuser, ni tailler, ni par conséquent en tirer quoi que ce soit. Ajoutez à cela que les rochers de l’isle n’étoient pas d’une dureté convenable, mais d’une pierre graveleuse qui s’émiétoit aisément, & qui n’auroit pu souffrir les coups d’un pesant pilon, & où le blé n’auroit pu se briser sans qu’il s’y mêlât beaucoup de gravier. Ainsi ayant perdu beaucoup de tems à chercher une pierre, je désesperai d’y réussir, & pris le partie de me mettre aux champs, pour trouver quelque gros billot qui fût d’un bois bien dur. C’est ce qu’il me fut aisé de trouver ; & prenant le plus gros que je fusse capable de remuer, je l’arrondis, & le façonnai en dehors avec ma hache & ma doloire ; ensuite je le creusai avec un travail infini, en y appliquant le feu, qui est le stratagême dont se servent les sauvages pour former leurs canots. Après cela je fis un gros & pesant pilon du bois qu’on appelle bois de fer. Je mis à part ces préparatifs, en attendant le tems de ma seconde récolte, après laquelle je me proposois de moudre, ou plutôt de broyer mon blé pour le réduire en farine & me faire du pain.

Cette difficulté surmontée, la première qui se présentoit, c’étoit de me faire un sas ou un