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de Robinson Crusoé.

À la vérité je ne m’épargnai aucunement dans ce travail infructueux, & je pense que je n’y employai pas moins de trois ou quatre semaines de tems. Mais enfin, voyant que mes forces étoient trop petites pour relever un si pesant fardeau, je me mis à creuser par dessous, & à employer la voie de la sape pour la faire tomber, plaçant en même tems plusieurs pièces de bois pour le ménager tellement dans sa chûte, qu’il pût tomber sur son fond.

Mais j’eus beau faire tous mes efforts, il ne me fut point possible de le redresser, ni même de me pouvoir glisser dessous, bien éloigné de l’avancer vers l’eau : ainsi, je me vis contraint de me désister de mon petit projet : & cependant, chose étrange ! tandis que les espérances que j’avois conçues de mon bateau s’évanouissoient, la démangeaison de m’exposer sur mer, pour gagner le continent, m’aiguillonnoit de plus en plus, à mesure que la chose paroissoit le moins possible.

Sur cela je me mis à faire réflexion, si, sans le concours d’instrumens & de personnes, il ne me seroit point possible de me faire, avec le tronc d’un arbre, un canot ou une gondole semblable à celles que font les habitans originaires de ce pays-là. La chose me parut non seulement praticable, mais encore facile : & l’idée seule