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de Robinson Crusoé.

persuadé qu’il y en eut quelques-unes qui s’y prirent ; mais comme le fil en étoit très-foible, elles s’en échappèrent aisément. La vérité est que je trouvai toujours mes filets rompus & les amorces mangées ; je n’en pouvois pas faire de plus forts ; je manquois de fil d’archal.

J’essayai de les prendre par le moyen d’un trébuchet. Je fis donc plusieurs creux dans les endroits où elles avoient coutume de paître ; je couvris ces creux, de claies, que je chargeai de beaucoup de terre, en y parsemant des épis de riz & de bled. Mais mon projet ne réussit point : les chèvres venoient manger mon grain, s’enfonçoient même dans le trébuchet ; mais ensuite elles trouvoient le moyen d’en sortir. Je m’avisai donc enfin de tendre une nuit trois trappes : je les allai visiter le lendemain matin, & je trouvai qu’elles étoient encore tendues, mais que les amorces en avoient été arrachées. Tout autre que moi se seroit rebuté ; mais au contraire, je travaillai à perfectionner ma trappe ; & pour ne vous pas arrêter plus long tems, mon cher lecteur, je vous dirai qu’allant un matin pour visiter mes trappes, je trouvai dans l’une un vieux bouc d’une grandeur extraordinaires, & dans l’autre trois chevreaux, l’un mâle, & les deux autres femelles.

Le vieux bouc étoit si farouche que je n’en savois que faire. Je n’osois ni entrer dans son trébu-