Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
379
de Robinson Crusoé.

les cheveux semblables à de la laine frisée, mais longs & noirs, son front étoit grand & élevé, ses yeux brillans & pleins de feu. Son teint n’étoit pas noir, mais fort basanne ; sans avoir rien de cette désagréable couleur tannée des habitans du Brésil & de la Virginie, il approchoit plutôt d’une légère couleur d’olive, dont il n’est pas aisé de donner une idée juste, mais qui me paroissoit avoir quelque chose de fort revenant. Il avoit le visage rond & le nez bien fait, la bouche belle, les lèvres minces, les dents bien rangées & blanches comme de l’ivoire.

Après avoir plutôt sommeillé que dormi pendant une demi-heure, il se réveille, sort de la grotte pour me rejoindre ; car dans cet intervalle j’avois été traite mes chèvres, qui étoient dans mon enclos tout près de-là. Il vient à moi en courant, il se jette à mes pieds avec toutes les marques d’une ame véritablement reconnoissante, il renouvelle la cérémonie de me jurer fidélité, posant mon pied sur sa tête ; en un mot, il fait tous les gestes imaginables pour m’exprimer son desir de s’assujettir à moi pour toujours. J’entendois la plupart de ses signes, & je fis de mon mieux pour lui faire connoître que j’étois content de lui. Dans peu de temps je commençai à lui parler, & il apprit à me parler à son tour ; je lui enseignai d’abord qu’il s’appelleroit Vendredi, nom