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de Robinson Crusoé.

art à faire mes enclos & mes retranchemens. Mais par bonheur la chose n’étoit plus nécessaire alors.

Tous ces préparatifs étant faits, je permis à mon Espagnol de passer en terre ferme, pour voir s’il y avoit quelque chose à faire avec ses compatriotes ; & je lui donnai un ordre par écrit de ne pas emmener un seul homme avec lui sans lui avoir fait jurer devant lui & devant le vieux sauvage, que bien loin d’attaquer le maître de l’île, & de causer le moindre chagrin à un homme qui avoit la bonté de travailler à sa délivrance, il ne négligeroit rien pour le défendre contre toutes sortes d’attentats, & qu’il se soumettoit entièrement à ses commandemens, de quelque côté qu’il trouvât bon de le mener. J’ordonnai encore à l’Espagnol de m’en rapporter un traité formel par écrit, signé de toute la troupe, sans songer que, selon toutes les apparences, elle n’avoit ni papier ni encre.

Muni de ces instructions, il partit avec le vieux sauvage dans le même canot qui avoit servi à les conduire dans l’île pour y être dévorés par les cannibales leurs ennemis. Je leur donnai à chacun un mousquet à rouet, & environ huit charges de poudre & de balles, en leur enjoignant d’en être bons ménagers, & de ne les employer que dans les occasions pressantes.