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Les aventures

geurs avoient été obligés de retourner à Pampelune après avoir tenté de passer les montagnes en s’exposant aux plus grands hasards.

Arrivés à Pampelune, nous trouvâmes que cette nouvelle n’étoit que trop fondée : nous y sentîmes un froid insupportable, sur-tout pour moi qui étoit accoutumé à vivre dans des climats si chauds, qu’à peine y peut-on souffrir des habits. J’y étois d’autant plus sensible, que dix jours auparavant nous avions passé par la vieille Castille dans un tems extrêmement chaud. On peut croire si c’étoit un grand plaisir pour moi d’être exposé aux vents qui venoient des Pyrénées, & qui causoient un froid assez rude pour engourdir nos doigts & nos oreilles, & pour nous les faire perdre.

Le pauvre Vendredi étoit encore le plus malheureux de nous tous, en voyant pour la première fois de sa vie des montagnes couvertes de neige, & en sentant le froid, choses inconnues pour lui jusqu’alors.

La neige cependant continuoit toujours à tomber avec violence, & pendant si long-tems, que l’hiver étoit venu avant sa saison, & les passages qui jusqu’alors avoient été difficiles, en devinrent absolument impraticables. La neige étoit d’une épaisseur terrible, & n’ayant point acquis de la fermeté par une forte gelés, comme dans les pays