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de Robinson Crusoé.

y a à vivre dans la religion catholique romaine, & je savois qu’il m’étoit impossible de m’établir dans le Brésil sans en faire profession, & que d’y manquer ne feroit autre chose que m’exposer à souffrir le martyre entre les cruelles mains de l’inquisition. Cette considération me fit changer de sentiment, & prendre le parti de rester dans ma patrie, sur-tout si j’étois assez heureux pour trouver le moyen de me défaire avantageusement de ma plantation.

Dans cette intention, j’écrivis à mon vieux ami de Lisbonne, qui me répondit qu’il trouveroit là aisément le moyen de vendre ma plantation ; qu’il jugeoit à propos, si j’y consentois, de l’offrir en mon nom aux deux héritiers de mes facteurs qui étoient riches, & qui, se trouvant sur les lieux, en connoissoient parfaitement la valeur ; que, pour lui, il étoit sûr qu’ils seroient ravis d’en faire l’achat, & qu’ils m’en donneroient du moins quatre ou cinq mille pièces de huit au-delà de ce que j’en pourrois tirer de tout autre.

J’y consentis, & l’affaire fut bientôt réglée ; car huit mois après, la flotte du Brésil étant revenue en Portugal, j’appris par une lettre du vieux capitaine que mon offre avoit été acceptée, & mes facteurs avoient envoyé à leur correspon-