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Les aventures

en même tems j’aurois appris la marine, & me serois rendu capable de devenir pilote, ou lieutenant, & peut-être maître d’un vaisseau. Mais, en ceci, comme en toute autre chose, j’étois destiné à choisir le plus mauvais parti ; & me sentant de l’argent dans la poche, & de bons habits sur le corps, je ne voulois point aller à bord, qu’en habit de gentilhomme : de cette manière je n’y avois aucun emploi, ni ne me mettois en état d’en avoir.

Dès que je fus arrivé à Londres, je fus assez heureux pour tomber en bonne compagnie ; chose qui n’arrive pas à un jeune homme aussi libertin & mal avisé que je l’étois : le diable ne manque pas de tendre des pièges ; mais je fus assez heureux que de n’y pas donner. La première personne avec laquelle je fis connoissance, fut un maître de vaisseau, lequel avoit été sur la côte de Guinée, &, ayant eu un fort heureux succès, étoit résolu d’y retourner. Cet homme trouva du plaisir à ma conversation, qui n’étoit pas tout-à-fait désagréable en ce tems-là, & m’entendant dire que j’avois envie de voir le monde, il me proposa de m’embarquer avec lui pour le même voyage ; que je ne serois pas obligé de faire la moindre dépense ; que je mangerois avec lui, & serois son compagnon, que si je voulois emporter quelque chose avec moi, je jouirois de tous les avantages que peut procurer le commerce ; & que peut-être