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de Robinson Crusoé.

calâmes. Cependant il y en eut deux qui coururent un peu loin dans les terres, & qui, en moins d’une demi-heure, furent de retour. Ils apportoient avec eux deux morceaux de viande, & du grain tel que ce pays-là en pouvoit produire ; mais nous ne savions ni quelle sorte de viande, ni quelle sorte de bled c’étoit, & toutefois nous étions fort contens de les accepter. Il s’agissoit de savoir avec quelle précaution s’en emparer ; car je n’étois pas d’humeur à les joindre à terre ; & de leur côté, ils avoient peur de nous. Ils prirent un bon biais & pour les uns & pour les autres ; c’est qu’ils apportèrent ce qu’ils avoient à nous donner, sur le rivage, & l’ayant mis à terre, se retirèrent, & se tinrent loin de-là, jusqu’à ce que l’étant allés chercher, nous l’emportâmes à bord ; après quoi ils revinrent au rivage comme auparavant.

Comme nous n’avions rien à leur donner, notre reconnoissance se borna d’abord à leur faire plusieurs signes pour les remercier. Mais il se présenta sur la champ même une occasion favorable de les obliger extrêmement. Car comme nous étions près de terre où nous avions amené, voici deux animaux puissans qui descendoient des montagnes vers la mer, dont l’un poursuivoit l’autre, à ce qu’il paroissoit, avec beaucoup de chaleur ; si c’étoit le mâle qui étoit après la femelle, & s’ils