Page:Apollinaire - Le Flâneur des deux rives.djvu/34

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Au temps où sa boutique était située dans le passage Choiseul, Liseux avait à son service un commis et une bonne qui étaient le frère et la sœur. Celle-ci avait un bon ami qui est devenu garçon à la Bibliothèque Nationale et qui est employé dans le département où sont conservées la plupart des publications de Liseux :

« J’ai toujours eu l’impression, m’a dit cet homme, que je ne venais qu’en second et qu’elle couchait avec son patron… Le frère, qui était mon meilleur ami, était surveillé de près par M. Liseux, qui ne voulait pas qu’il rentrât se coucher après dix heures. »

Au demeurant, Liseux était, paraît-il, bon et indulgent. Mauvais comptable, il était fort endetté et ses éditions lui revenaient très cher. Il devait à son imprimeur, il devait au marchand de papier. Son fonds fut dispersé de façon très désavantageuse pour lui, et cet homme, qui avait édité des livres qui comptent parmi les plus beaux de l’époque, mourut dans une misère complète.

« Alors que, dit M. Octave Uzanne, dans le catalogue de sa vente qui eut lieu en