Page:Apollinaire - Le Flâneur des deux rives.djvu/63

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Ce soir-là j’ai noté encore ce Noël d’une province que dévaste la guerre, la Champagne de La Fontaine et de Paul Fort :


Les filles de Cernay — Ne furent endormies. — Avecque beurre et lait — Aux champs ell’s se sont mies, — Et celles de Taissy — Ont passé la chaussée — Après avoir ouï — Le bruit — Et le charmant débat — La, la ! — De cell’s de Sillery.


Et pour en finir quelqu’un chanta un gracieux Noël d’enfant dont la date doit être récente. En voici un couplet :


Une petite abeille — Bourdonnant en frelon — s’approcha du poupon, — Lui disant à l’oreille — J’apporte du bonbon ; — Il est doux à merveille ; — Goûtez-en mon mignon.


On peut avoir cent impressions différentes de la vieille rue de Buci. Je les donne toutes pour celles que j’y ai éprouvées en entendant chanter ces Noëls, une nuit de réveillon, peu d’années avant la guerre.