Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/105

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lement Anna Ivanovna, et ne l’ai jamais volée ; mais, pour me nuire, quelqu’un m’aura calomniée auprès de vous, car un passage de votre lettre fait allusion à une plainte que vous pourriez déposer contre moi. Déposez, si vous voulez : je n’ai pas peur du tribunal ; pour prouver mon innocence j’appellerai à témoin toute la province, en commençant par votre ami Alexandre Vassilievitch Mojaïsky, chez qui, comme je l’ai su il n’y a pas longtemps, vous alliez quelquefois à la campagne.

Sans doute, je garde le silence à ce sujet, car je suis convaincue que vous n’êtes pas capable de faire mal ; mais, devant la Cour, je ne me tairai pas, parce que, d’après la loi, je suis obligée de dire toute la vérité. Mais peut-être n’y avait-il aucune menace dans votre lettre, et me serais-je méprise en pensant que vous faisiez une allusion à la Cour. En ce cas, je vous demande de me pardonner avec bienveillance : que ne doit-on pardonner à un cœur blessé ?

Je comprends très bien, Excellence, qu’il vous soit très désagréable de perdre l’héritage sur lequel vous avez tant compté ; mais moi, je n’y suis pour rien. Vous pourrez puiser une grande consolation dans cette idée que