Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/132

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Flescher dit que ce départ l’a sauvée, et que quelques heures de plus passées à Pétersbourg pouvaient amener de graves complications.

Ma femme sent tout le prix de votre sollicitude et veut parfois vous écrire. Même, hier, elle a commencé une lettre ; mais, après deux ou trois phrases, elle n’a pu réprimer ses gémissements, et je l’ai engagée à remettre sa lettre à un autre jour ; j’ai pris sur moi la responsabilité de son silence qui, dans toute autre circonstance, serait impardonnable.

D’après l’opinion de Flescher, opinion que je partage absolument, la maladie de Mary est due à ce que son faible organisme ne peut supporter la vie mondaine avec son absurde train de ses nuits sans sommeil. Il faut espérer que, l’hiver prochain, ma femme, instruite par la dure expérience, arrangera sa vie autrement. Sa convalescence progresse d’un pas sûr, et je pense aller dans dix jours à Pétersbourg où m’appellent les exigences du service, et prendre un congé à la fin d’avril pour passer ici tout l’été. Il va sans dire que, le jour de mon arrivée, je serai chez vous et raconterai de vive voix tout ce qui nous concerne.

Votre infiniment dévoué,

H. Boiarov.