Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/169

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en faisant un immense effort de mémoire, si je vous disais que tout à l’heure nous allons voir une grande allée de marronniers.

— Une grande allée de marronniers, certes : la voici à gauche.

— Et, en passant par cette allée, nous verrons un lac.

— Vous êtes trop aimable d’appeler cette pièce d’eau un lac : nous verrons simplement un étang.

— Bien, je vous fais la concession, mais ce sera un très grand étang.

— Laissez que je vous en fasse une autre : ce sera un petit lac.

Je ne marchai pas, je courus jusqu’au bout de l’allée de marronniers ; là, je vis dans tous ses détails le tableau que, depuis quelques instants, mon imagination me dessinait : de jolies fleurs rouges bordant un large étang ; près du ponton, un canot ; de l’autre côté de l’eau, des bouquets de vieux saules. Mon Dieu ! mais, sincèrement, je suis venu ici, je me suis promené dans ce canot, je me suis assis sous ces saules, j’ai cueilli de ces fleurs rouges !…

Nous nous promenâmes en silence au bord du lac.

— Permettez, dis-je, en regardant vers