Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/232

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dévouement admirable, remplit ses devoirs de garde-malade.

Mais quand Aliocha fut mieux, elle ne put cacher son désappointement, qui s’accrut quand le docteur décida qu’il fallait qu’Aliocha allât pour un an dans les pays chauds. Le laisser aller seul, Hélène Pavlovna ne le pouvait pas, et se séparer de moi lui semblait impossible ; en vain, je jurais que j’irais les rejoindre l’été : elle était inconsolable. À la fin d’avril, Aliocha étant en état de supporter le voyage, le départ fut fixé au commencement de mai. Le jour venu, je restai très tard chez les Okontzev. La soirée était si chaude que la porte du balcon était restée ouverte et qu’Aliocha respirait avec plaisir l’air pur du printemps. Hélène Pavlovna était très animée et causait gaîment du voyage prochain, tout en préparant des remèdes pour son mari, et avec un sourire elle me dit qu’il était l’heure de partir. J’avais déjà franchi la porte quand Aliocha me rappela : « Tu vois, Pavlik, dit-il en me serrant fortement la main, je voulais te dire… tu ne peux t’imaginer comme je suis heureux de pouvoir partir, mais je suis ennuyé de me séparer de toi. Donne-moi ta parole de venir chez nous cet été. » Les plus amers reproches m’eussent