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mière sortie a été pour l’arbre de Noël de Maria Pétrovna, dont j’entendais parler depuis plus d’un mois.

Comme je l’ai déjà dit, Maria Pétrovna a horreur des grandes réceptions, car elle pense que tout le monde s’ennuie chez elle (elle en juge d’après ce qu’elle éprouve elle-même à s’occuper d’hôtes qu’elle connaît peu). Elle ne peut réprimer un bâillement nerveux, et même se traite pour cela par l’homéopathie, mais sans succès. On dit qu’une fois, étant au petit salon, avec trois dames dont les filles dansaient dans le grand, elle s’endormit complètement. Elle s’est décidée à faire cet arbre pour sa nièce, ce qui prouve combien elle l’aime déjà.

Je me suis tellement habitué, ces temps-ci, à la solitude et à une lampe à abat-jour sombre qu’en entrant chez Maria Pétrovna je fus ébloui par l’éclat des bougies et la foule des invités.

Il y avait beaucoup d’enfants, de tout âge, mais encore plus de grandes personnes. À la porte du salon, comme memento mori, se tenait mon médecin en habit à la dernière mode, en cravate de soie blanche ; sur sa poitrine brillait en guise de bouton un énorme diamant, — faux, sans doute. Il me regarda