Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Deux suisses coururent mettre Vaska en voiture, et moi, encouragé par ces paroles, je montai quatre à quatre l’escalier, étouffant, presque privé de souffle. En même temps, du salon de lecture, montait « le vieux et très estimé » administrateur André Ivanovitch. Lui aussi me demanda pourquoi je n’étais pas venu au club depuis si longtemps, et je dus lui conter par le menu toute l’histoire de ma maladie. André Ivanovitch m’écouta avec beaucoup de sollicitude, puis il hocha la tête et prononça en aparté :

— Oui, c’est admirable, non moins que le cas de Stépan Stépanovitch qui vit jusqu’à présent.

Stépan Stépanovitch est un vieillard de plus de quatre-vingts ans, paralysé depuis deux ans.

Pourquoi ce rapprochement ?

Le triste état d’esprit dans lequel m’avait fait tomber cette aimable comparaison se dissipa peu à peu pendant le dîner. Tout le monde m’accueillait aimablement, le dîner était excellent, les conversations très animées. Les vieillards se rappelaient le passé, et, comme ma mémoire est riche de souvenirs et d’anecdotes, je m’animai beaucoup aussi et parlai beaucoup. Mais, cette fois encore,