Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/259

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être aussi antipathique qu’à moi-même mes partenaires du whist.

Tout à coup il me vient en tête une étrange pensée : je ne puis déjà plus dire où je me trouve le mieux, mais seulement chercher où je suis le moins mal.

Ici, au whist, je me sentais malheureux ; au salon, plus malheureux ; à la maison, loin de Lydia, peut-être encore plus mal. Non, c’est encore à la maison que la vie m’est le moins pénible. Et, aussitôt la partie terminée, je m’enfuis par le même chemin détourné, sans prendre congé de personne.

Au salon, on chantait encore le même air tzigane, mais avec une petite variante :

 
Lydia Lvovna
Aime tout le monde également,
Et Melchissédec
Est un homme assommant !


« Un homme assommant ! » répéta le chœur. Dieu ! quelle chanson inepte ! Comme j’étais peiné d’entendre la voix argentine de Lydia s’associer à cette cacophonie !


6 mars

Un savant de jadis professait que le plus grand ennemi de l’homme, c’est l’homme