Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/272

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entré dans la tête le projet de m’expliquer nettement avec Lydia. À vrai dire, tout mon espoir de réussir se fonde sur ce billet. Mais que prouve ce billet ? Il est écrit strictement en vue de disculper Michel, je le vois à présent clair comme le jour ; naguère, j’y voyais tout autre chose.

Je parcourais mon appartement, et, enivré par les derniers vers de Tutchev, j’avais perdu jusqu’au souvenir du désespoir et ne pensais qu’au bonheur d’être le mari de Lydia, de lui consacrer tout le reste de mes forces, de ma vie. C’est hier que j’avais définitivement arrêté mon plan et je viens de le mettre à exécution.

J’avais prié le docteur de venir aujourd’hui de meilleure heure, pour observer l’effet d’une nouvelle drogue fortifiante. Il est venu à dix heures, a paru très satisfait du résultat obtenu et de mon empressement à suivre ses ordonnances ; enfin, il a exprimé l’espoir qu’il pourrait peut-être me permettre de sortir dans une dizaine de jours. Dès qu’il eut passé la porte, je m’habillai et courus à la Serguevskaïa. Mon plan reposait sur ce fait que Maria Pétrovna se levant tard, je ne rencontrerais pas d’autres visiteurs. Je ne m’étais pas trompé : Lydia était seule au salon, elle