Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/273

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étudiait une sonate. Elle fut très contente de me voir et voulut courir éveiller Maria Pétrovna : j’eus du mal à l’en empêcher. Nous avons commencé par dire des niaiseries ; le temps passait ; je savais que je ne retrouverais pas de sitôt un moment favorable, et néanmoins une horrible timidité liait ma langue. Enfin je me décidai. Je pris les choses de loin ; je parlai de ma solitude… Mais exprimer que Lydia seule pouvait d’un coup faire cesser tous mes chagrins, je n’y parvenais pas. Le langage fier d’un homme libre que je voulais tenir à Lydia baissait de quelques tons. Depuis le commencement de ma harangue, Lydia me considérait d’un air malicieux ; elle voulait dire quelque chose, mais hésitait ; enfin :

— Pavlik, parlez plus clairement. Vous me faites une déclaration. Oh ! comme vous êtes charmant, comme je suis contente.

Elle quitta sa place et me prit les mains.

— Ce n’est pas un rêve, Lydia ! criai-je hors de moi, fou de bonheur, en serrant ses mains. Vous consentez à être ma femme.

Lydia dégagea ses mains et alla se rasseoir à sa place.

— Mais non, Pavlik, je ne le puis ; et cependant je suis très heureuse de votre proposition.