Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/289

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ne comprends pas pourquoi les hommes au cœur large se bornent à l’amour de l’humanité ; on peut élargir le domaine, on peut s’enflammer d’amour pour tous les animaux, pour la planète Terre, puis pour tout le système solaire, et enfin brûler d’amour pour tout l’univers ! Je ne comprends pas ce genre d’amour universel. Qu’il aime la terre, celui qui s’y trouve heureux !


9 avril.

Je vais de plus mal en plus mal. À présent, au lieu d’un médecin, j’en ai deux : Féodor Féodorovitch m’a amené son ami Anton Antonovitch, un « spécialiste ». Cet Anton Antonovitch est aussi maigre et aussi sombre que Féodor Féodorovitch est gros et bruyant. Quelle maladie ai-je au juste, ils ne me le disent pas, mais ils ont parlé latin devant moi, une heure entière, en me palpant. Je trouve cela très indiscret et, de leur part, très imprudent ; ils sont convaincus sans doute que je ne sais que deux ou trois mots de latin ; mais j’en sais un peu plus, et l’un de mes collègues de l’École militaire est aujourd’hui l’un des premiers latinistes d’Europe.

La conséquence immédiate de la venue d’Anton Antonovitch fut une quatrième