Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moindre espoir de me sauver ; sa visite n’est qu’une réconciliation in extremis.

Allons il est temps de faire ma nécrologie.

« Il y avait une fois un homme que ses amis appelaient Pavlik Dolsky. De sa vie il ne fit rien de particulièrement méchant, mais il n’y avait pas en lui grand’chose de bon. À vrai dire, c’était un homme assez nul, et pourtant il aura occupé une place assez marquante. Son cerveau travaillait, son cœur battait fort et ardemment ; il aura beaucoup pensé et senti, souvent désiré et espéré et, plus souvent encore, souffert et erré. Son grand malheur fut de ne rien faire et de se croire jeune trop longtemps. Quand il s’en fut rendu compte et qu’il voulut rendre sa vie un peu plus raisonnable, on lui dit : « Non, il est trop tard, tu as passé le temps d’aimer comme celui de penser, de désirer, d’espérer, de te tromper. Peut-être souffriras-tu encore un peu, mais pas longtemps, puis tu disparaîtras. » Je ne sais ce que pensent les autres, mais moi je plains ce pauvre Pavlik envoyé en ce monde sans son consentement et renvoyé malgré lui.


5 juillet.

Il y a plus d’un mois qu’on m’a emmené à Vassilievka, encore faible et sauvé de la mort